Benoît Saison – Plasticien

« Rencontrer, partager avec l’autre, est une notion primordiale dans ma pratique artistique et dans ma vie. Le mouvement, le geste et sa trace, est l’axe de mon travail plastique.

« Se mettre en mouvement, ensemble » est la direction essentielle, que je développe et partage avec le public. Le papier est la matière support de mon expression, où le mouvement y laisse sa trace. Ces papiers sont les vôtres, sont ceux des autres. Ils deviennent les miens, par leur transformation, en leur offrant un changement de destination. Papier nu où sa texture s’exprime. Papier habillé quand les mots s’y couchent. Mais toujours papier hanté d’une histoire réelle ou imaginaire, générée du contexte dans lequel je le récupère. Le public est acteur de l’oeuvre : on échange nos regards, on partage nos points de vue. Le public est invité à un moment de partage et à une mise en mouvement, ensemble, lors de cette résidence. »

Erik Chevalier – Vidéaste

« Ma démarche et mes recherches artistiques se concrétisent essentiellement dans la création vidéo et spécifiquement dans le champ de l’installation vidéo, la mise en place de dispositifs. Je propose au fil de mes oeuvres, de mes installations une réflexion sur les statuts et usages de l’image mouvement et de la perception de celle-ci, ce notamment dans son rapport à l’espace. Mes dispositifs convoquent le spectateur en une place où il n’est pas susceptible de rencontrer une oeuvre d’art. L’ensemble de mes installations vidéo procède également d’une prise en compte des lieux d’exposition, de réception. Chaque oeuvre est pensée in situ attachée à relever et restituer un « esprit des lieux ». Elle initie une rencontre réellement physique avec le visiteur, ce n’est plus simplement une confrontation dans le sens de la frontalité de l’écran mais une invitation à se positionner dans « l’entre image » pour reprendre une formule chère à Raymond Bellour. »

Fausto Urru – Photographe

« Cette résidence me permettra d’approfondir, au sein d’un même lieu, les deux expressions de mon art photographique que je cultive depuis toujours : la création et la médiation artistique, avec une réelle possibilité de fondre l’une à l’autre. Le point de rayonnement sera le territoire de la Communauté d’Agglomération Grand Calais Terres & Mers. Qu’il soit extérieur ou intérieur, il faudra le considérer dans une polysémie de traces, de temps et de rêveries. À la recherche des strates qui se sont superposées au fil des années, on pourra expérimenter un regard archéologique, philologique et poétique afin d’esquisser la façon dont ses habitants dialoguent avec lui.

Ensemble, en noir et blanc argentique, nous vivrons dans la lenteur d’un questionnement perpétuel. Nous savourerons la latence de l’image, transformerons en désir la frustration de ne pas voir la photographie tout de suite. Nous expérimenterons l’honnêteté du cadrage, sa pureté jamais postiche.

Le tout dans le silence et la discrétion. Car pour moi l’image photographique qui vaut la peine d’être (re)gardée ne s’offre pas dans le vacarme des déclenchements à répétition : elle ne se concède qu’au bruit velouté d’un seul déclic. »

 

Alix Gastineau – Musicien

« Mon travail appartient au domaine du sonore, de l’écoute, et de la perception. Intéressé par les formes narratives, j’ai développé à cette fin une forme d’écriture sonore qui s’articule autour des notions de corps écoutant et écouté, de jeu musical et d’espace désinhibé, considérant les objets qui nous entoure comme des passerelles propices aux dialogues et à l’échange.

Le son est, par définition, un mouvement, une vibration. Il entre en contact avec les corps, les fait danser, et les conditionne. Ce qui m’intéresse, c’est la capacité d’organisation sociale du son, ses effets extra-auditifs, et sa faculté à souder les individus ou à disperser une foule.

De cette manière, ma recherche artistique encourage le développement de l’individu au sein d’une communauté, considérant par exemple la pratique des percussions comme un exercice physique et une gymnastique mentale, ou encore, en adoptant la forme du concert comme un terrain d’essai pour questionner sa propre identité. Plus récemment, c’est l’espace alimentaire qui attire mon attention, à savoir, en quoi la scène du repas peut-être un lieu de passage initiatique duquel sont extraits des protocoles, des gestes et des manières de faire.